Créé en 1996, le service de Placement Familial Spécialisé (PFS) du « Cabestan » de l’AAES peut accueillir jusqu’à 30 jeunes âgés de 0 à 18 ans, après une décision judiciaire. Ces jeunes vivent ensuite dans des familles d’accueil résidant en Flandre Maritime et en Flandre Intérieure. C’est un service qui est complémentaire du dispositif classique d’accueil familial existant sur le territoire.
Le service du Cabestan a pour mission d’assurer la stabilité de l’enfant durant son placement, de permettre son insertion sociale et de développer son autonomie tout en régulant les relations entre les parents et les enfants dans le respect du cadre fixé par le juge des enfants ou par l’Aide Sociale à l’Enfance. Pour cela, les éducateurs du Cabestan ainsi que la psychologue sont pleinement mobilisés auprès des enfants afin d’assurer le meilleur suivi possible. Les assistants familiaux jouent également un rôle prépondérant au quotidien.
Thierry, assistant familial au sein du Cabestan, et Dolores, éducatrice spécialisée, travaillent au quotidien au sein du service de Placement Familial Spécialisé et nous expliquent la façon dont leurs métiers se complètent pour le bien des enfants.
Thierry, assistant familial depuis 2008 au sein du Cabestan
Quelles sont, selon vous, les missions principales d’un assistant familial ? Et les aptitudes nécessaires pour effectuer ce métier ?
Notre mission c’est de remettre un cadre familial en place pour l’intégration de l’enfant. C’est lui permettre de grandir et de s’épanouir en favorisant sa sociabilisation et son autonomie. En tant qu’assistant familial, on participe à l’évaluation de sa situation et de son projet. Nous devons aussi respecter ses différences ainsi que sa famille biologique.
Avoir des qualités humaines est absolument essentiel : notamment la patience et la générosité. Le sens de l’écoute également mais aussi la fermeté et l’autorité. L’assistant familial doit aussi mettre à l’aise l’enfant, l’aider à s’exprimer, et surtout faire preuve de pédagogie et de psychologie.
Comment se déroule l’accueil d’un enfant à votre domicile ? À quel moment êtes-vous prévenu ?
Je suis prévenu par le chef de service qui me propose un accueil : il évoque ce qu’il connait de l’enfant. On a évidemment un temps de réflexion pour lui répondre, sauf situation urgente. Ensuite il y a une préadmission où on réfléchit où il se sentira le mieux avec le contexte, les autres enfants, etc… Une fois qu’on accepte, il y a une présentation avec l’enfant au domicile. Cela se fait progressivement avec l’accueil un seul après-midi, puis une seule journée. C’est généralement plus simple lorsque l’enfant est déjà au sein de l’association et que sa situation n’est pas urgente.
« Avoir des qualités humaines est absolument essentiel : notamment la patience et la générosité. »
Combien d’enfants pouvez-vous accueillir chez vous ?
J’ai un agrément pour l’accueil de 3 enfants, de 0 à 18 ans, c’est le même pour tout le monde. Pour ceux qui ont passé le Diplôme d’État d’Assistant Familial, le renouvellement est automatique. Sinon il doit être renouvelé avec instruction d’un dossier auprès de l’Aide Sociale à l’Enfance. Actuellement à la maison, j’ai deux enfants : une petite fille de 11 mois et un garçon de 6 ans et demi.
Par le passé, j’ai déjà eu au total 6 « accueils longs ». Mais il y a aussi des séjours de rupture, on a des enfants qui repartent parfois très vite. Je travaille aussi avec le service de l’Estran (SAAD) pour des accueils d’enfants sur 72 heures à l’issue desquelles je peux faire quelques remarques sur l’enfant au service et aux parents.
Qu’advient-il de l’enfant une fois le placement terminé ?
La levée de placement se fait sur décision du juge. Ensuite il peut y avoir une réorientation de l’enfant, certains adolescents partent parfois en semi-autonomie sur le service de l’Envol, au sein de l’AAES. Il arrive aussi que certains jeunes restent dans leur famille d’accueil, ce qui est extrêmement rare. La plupart du temps l’enfant fait son retour au sein de sa famille.
Dolores, éducatrice spécialisée au sein du Cabestan depuis Septembre 2013
Quelles sont les missions principales d’une éducatrice spécialisée au sein du Cabestan ? Et les aptitudes nécessaires pour effectuer ce métier ?
Il s’agir d’accompagner les enfants dans leur famille d’accueil et guider les parents dans leur rôle, leur apporter le soutien et l’écoute aux assistantes familiales, leur apporter mon expérience et des réflexions éducatives, établir un projet éducatif et s’adapter pour une prise en charge cohérente avec l’ordonnance judiciaire.
Les aptitudes nécessaires sont nombreuses : la disponibilité, l’écoute, la patience, l’adaptation, le travail d’équipe, la remise en question, l’écriture de projets et d’écrits professionnels, la notion de la parentalité et la connaissance sur le développement de l’enfant.
Éducateur, psychologue et assistant familial : c’est une triangulation qui permet d’éclairer, de réajuster, d’avoir une remise en question très intéressante et complémentaire.
De combien d’enfants pouvez-vous être l’éducatrice référente ?
Je suis sur une moyenne de 8 à 9 enfants, je suis amenée à travailler en co-référence avec un collègue pour des fratries nombreuses ou pour des situations plus complexes (parents intrusifs ou comportement inadapté).
Comment s’effectue le suivi de la situation de l’enfant au sein du Cabestan ?
Le suivi est réalisé en fonction des besoins de l’enfant, il est mis en place par des visites au domicile de l’assistante familiale, au service du Cabestan, avec ou sans les référentes sociales, il est régulier sans fréquence établie. Dès que l’orientation et l’accueil sont programmés, il y a des rencontres, des mises en relation entre l’éducateur référent, le jeune et l’assistante familiale. L’éducateur référent se charge de l’accompagnement et du suivi dès l’arrivée. Les appels téléphoniques sont tout aussi fréquents pour recueillir les observations, les interrogations et apporter des apports éducatifs nécessaires.
Le lien et la relation avec les parents sont importants dès l’accueil et tout au long du suivi pour accepter le placement et éviter les conflits. L’éducateur se doit d’instaurer un lien de confiance avec les parents qui gardent leur place auprès de leur enfant : ils sont présents aux rendez-vous médicaux, scolaires, spécifiques… Le suivi est réajusté au PPE (Projet Personnalisé de l’Enfant), il est questionné en point de synthèse ou en cas d’urgence.
Quel lien existe entre vous et le reste de l’équipe pluridisciplinaire durant le suivi de l’enfant ?
Des rencontres régulières sont effectuées avec la psychologue du service qui peut aussi nous interpeller sur le projet ou l’état d’un jeune. Les assistantes familiales nous sollicitent à leur demande en cas de souci ou de questionnement. Les assistantes familiales ont parfois besoin de parler et d’être écoutées, ce qui permet une reconnaissance professionnelle et un soutien important, d’évacuer une situation ou un malentendu. Éducateur, psychologue et assistant familial : c’est une triangulation qui permet d’éclairer, de réajuster, d’avoir une remise en question très intéressante et complémentaire.
En tant qu’éducatrice, je sollicite aussi les partenaires nécessaires pour répondre au mieux au besoin de l’enfant : partenaires à l’interne ou extérieurs au service. Les outils de relaxation et de médiation peuvent également nous être utiles dans notre pratique.