Au sein du parcours Enfance-Jeunesse de l’AAES, le S.A.A.D. (Service d’Aide et d’Accompagnement à Domicile) de l’Estran propose un accompagnement éducatif individualisé 365 jours par an. Ce dispositif est habilité pour accompagner simultanément 30 mineurs de 0 à 18 ans ayant fait l’objet d’une mesure d’AEMO R (Action Éducative en Milieu Ouvert Renforcée) ou d’IEAD R (Intervention Éducative À Domicile Renforcée).
Hélène, Marjorie, Séverine et Marc composent l’équipe éducative du service de « L’Estran » depuis plusieurs années et nous livrent collectivement leur témoignage concernant la mission qui est la leur auprès des familles, et la grande adaptabilité dont ils doivent quotidiennement faire preuve.
Pouvez-vous nous présenter le rôle du S.A.A.D. ? Quelles sont vos missions au sein de ce service en tant qu’éducateurs ?
Le S.A.A.D. a pour but d’accompagner des familles qui présentent des difficultés dans la prise en charge éducative de leurs enfants. Nous intervenons auprès d’un public âgé entre 0 et 18 ans. La plupart du temps, nos interventions se font à domicile.
Notre mission principale est de s’assurer des conditions d’accueil de l’enfant au sein sa famille. En valorisant les compétences des parents, nous tentons de faire émerger une réflexion autour des besoins des enfants et de proposer une guidance parentale.
Le S.A.A.D. propose un accompagnement diversifié avec les acteurs locaux du territoire en accord avec la famille. Notre champ d’action nous permet d’avoir une vision globale de la situation familiale pour mieux en comprendre les problématiques. À la fin de notre accompagnement, la famille peut s’appuyer sur le réseau mis en place en cours de mesure.
En quoi l’intervention au sein du S.A.A.D. diffère d’un accompagnement en internat ? Quelles sont les aptitudes nécessaires pour effectuer ce travail ?
Un éducateur en internat s’occupe d’enfants confiés sous mandat judiciaire ou administratif par l’Aide Sociale à l’Enfance en raison d’une situation de danger rencontrée dans la famille. L’éducateur qui travaille en MECS reçoit un enfant dont il doit assurer la protection dans son établissement. Au sein de notre service, la situation de l’enfant ne nécessite pas une mise sous protection immédiate mais un étayage éducatif s’avère utile pour permettre son maintien auprès de sa famille.
Selon nous, les aptitudes nécessaires pour travailler au sein du S.A.A.D. sont les suivantes :
- Capacité d’observation
- Capacité d’évaluer une situation à risque pour l’enfant
- Capacité d’adaptation
- Capacité d’écoute et relationnelle
- Travail en équipe / partenariat
- Non jugement / ouverture d’esprit
- Capacité rédactionnelle
- Autonomie
Travaillez-vous seuls auprès de l’enfant ? Par qui êtes-vous aidé dans ce travail ?
Le S.A.A.D. s’appuie sur une équipe pluridisciplinaire dans l’accompagnement des familles. L’équipe se compose d’un chef de service, de 4 éducateurs et d’une psychologue.
Lors de l’admission d’un enfant au service, un référent est nommé comme interlocuteur privilégié. En soutien, une co-référence est également mise en place afin d’apporter un second éclairage à la situation. Le chef de service ainsi que la psychologue rencontrent la famille lors de l’admission. Au cours de l’accompagnement, si le besoin se fait sentir, la psychologue peut également proposer d’autres rencontres à la famille. L’éducateur du S.A.A.D. coopère régulièrement avec les partenaires du territoire.
« Au sein de notre service, la situation de l’enfant ne nécessite pas une mise sous protection immédiate mais un étayage éducatif s’avère utile pour permettre son maintien auprès de sa famille. »
Quels sont les difficultés que vous observez quotidiennement au sein des familles ?
Les difficultés que nous constatons chez les familles sont assez variées :
- Prise en charge parentale inadaptée en fonction des besoins de l’enfant.
- Difficulté à poser le cadre.
- Incohérence parentale dans les réponses éducatives.
- Déficit de communication.
- Déscolarisation.
- Troubles du comportement.
- Absence de suivi spécialisé.
Quels modes de rencontre privilégiez-vous avec les familles ?
Puisque nous intervenons aussi sur des horaires spécifiques, nous sommes amenés à utiliser plusieurs modes de rencontre et d’échange avec les familles :
- Les visites à domicile sur différents temps forts de la journée (lever, coucher, week-end).
- Les visites en présence d’un tiers.
- Les entretiens familiaux à domicile.
- Les entretiens individualisés hors domicile et/ou au service.
- Les accompagnements physiques dans les démarches, de la famille ou de l’enfant.
- Les contacts téléphoniques de soutien.
- Les actions collectives : groupe de parole des enfants, sortie avec la famille.
À partir de quand l’intervention démarre-t-elle ? Comment êtes-vous prévenus ?
Quel que soit le type de mesures : AEMO R ou IEAD R, une commission mensuelle à la Direction Territoriale permet d’orienter les mesures vers les différents dispositifs existants.
Nous prenons contact avec la personne qui a sollicité l’accueil pour prévoir une date d’admission, puis nous rencontrons la famille avec si possible le travailleur social à l’origine de la demande et/ou l’assistante sociale de secteur, ce qui nous permet d’expliquer les missions du service, d’entendre ce que les familles ont à dire de leur situation et de proposer un premier rendez-vous à domicile. Lors de cette admission, les documents relatifs à la loi 2002-2 sont présentés et signés par la famille. Cette rencontre officialise l’entrée du jeune dans le service.
Comment les parents abordent-ils l’annonce d’une mesure éducative à domicile ?
Dans le cadre d’une mesure AEMO R, l’accompagnement est imposé à la famille par le juge des enfants. Pour une IEAD R, la demande est, la plupart du temps, effectuée par le(s) parent(s).
En règle générale, les parents attendent du service qu’il apporte un regard aidant, non jugeant et une évolution de la situation familiale. L’adhésion de la famille est variable d’une situation à une autre. Il est difficile, voire impossible de définir comment réagit une famille à la mesure tant les réactions peuvent être diverses.
Comment échangez-vous avec le juge ou le service social durant la mesure ?
Le S.A.A.D. envoie des notes (ndlr : des synthèses) un mois avant l’échéance de la mesure au juge des enfants et/ou au service départemental lors d’une IEAD R. Les échanges téléphoniques sont fréquents avec le Service Social Départemental pour les informer du déroulement de l’accompagnement. Des notes d’incidents peuvent être rédigées en cas de dégradation de la situation du jeune dans sa famille.
De combien d’enfants pouvez-vous être le référent ? A quel rythme se font les interventions chaque semaine ?
Chaque éducateur a en moyenne 8 enfants en référence sans prendre en compte les coréférences. L’intervention initiale dure 6 mois et elle est renouvelable 2 fois. Le juge peut aussi prononcer une mesure d’assistance éducative d’un an avec une audience intermédiaire.
Nos interventions s’effectuent à fréquence de deux rendez-vous par semaine, à minima, auprès de chaque enfant. Si la situation nécessite plus d’intervention nous augmentons les rencontres.
Existe-t-il une différence lors de l’intervention auprès de très jeunes enfants ?
Nous intervenons chez les enfants âgés de 0 à 6 ans de manière plus spécifique et plus fréquemment en fonction de leurs besoins. Nous proposons aux parents d’axer notre accompagnement sur des temps du quotidien afin d’observer leurs postures parentales. À partir de ces éléments, nous essayons de faire émerger des questionnements sur leur pratique parentale. Le service préconise des recommandations éducatives par le biais de supports théoriques mais également par des projets éducatifs en lien avec le projet de service.
Le service se montre davantage vigilant dans l’accompagnement de cette tranche d’âge plus vulnérables à la maltraitance, aux manque de soins et aux diverses négligences. Nous travaillons en lien avec la PMI (Protection Maternelle et Infantile), les lieux d’accueil d’enfants, les écoles pour une représentation plus efficiente du contexte de vie de l’enfant.
« Notre service a pour vocation d’utiliser la transversalité, l’ensemble des partenaires du parcours Enfance-Jeunesse peut être intégré au projet de l’enfant et de sa famille. »
Comment le psychologue intervient-il durant l’intégralité de la mesure ?
Le psychologue est présent lors de l’admission afin d’obtenir toutes les informations qui lui sont nécessaires. Sur les temps de réunion, c’est à l’équipe de lui donner les observations que nous avons obtenues au quotidien (relation parent-enfant, comportement de l’enfant, prise en charge éducative…)
Il nous fait un retour avec son expertise psychologique. Il est amené à rencontrer la famille et rédiger un écrit inclus dans la synthèse. Il nous donne aussi des pistes de travail, nous élaborons des objectifs pour qu’on puisse réfléchir sur nos interventions. Son regard extérieur est très important pour nous, qui permet de nous conseiller dans notre pratique professionnelle.
Le psychologue intervient lors des commissions à la Direction Territoriale avec le chef de service pour l’attribution des situations d’AEMO R et d’IEAD R.
Quelles sont les passerelles existantes avec les autres dispositifs de l’Association d’Action Éducative et Sociale ?
L’orientation vers les divers services se fait en fonction du Projet Personnalisé de l’Enfant (PPE). Le S.A.A.D. peut donc être en lien avec des services tels que l’Entremise, le Passavant, les équipes de la Prévention Spécialisée, le Service Adultes, le CHRS, les Activités de Formation, Objectif Emploi, le service d’apprentissage à l’autonomie de l’Envol, le Ponton ou le Point Accueil Écoute Jeunes.
Quand c’est nécessaire, nous avons également la possibilité d’organiser un repli de 72h sur les MECS ou au sein du service du Cabestan. Notre service a pour vocation d’utiliser la transversalité, l’ensemble des partenaires du parcours Enfance-Jeunesse peut être intégré au projet de l’enfant et de sa famille.
Quand est ouvert le Service d’aide et d’accompagnement à domicile de l’Estran ?
Le S.A.A.D. est ouvert 365 jours par an. L’amplitude horaire des éducateurs varie entre 8h et 21h, des modulations sont possibles selon les situations pour observer un lever ou un coucher. Le service reste joignable la nuit et les week-ends, via une permanence téléphonique, assurée par les cadres. Un répondeur permet aux familles et aux partenaires de joindre le service et d’être rappelé le cas échéant.